Jeune Afrique: 3 Questions à … Salah Zghidi
Jeune Afrique: Du bon et du mauvais usage d'une commémoration
Jeune Afrique: Benazir Bhutto et Rafic Hariri : destinées parallèles
Le Temps: Promotion du discours religieux - Le prêche du vendredi, en débat
AFP: Turquie: le Parlement doit donner son feu vert au port du voile à l'Université
AFP: A Istanbul, la déception pour les jeunes femmes déchues de l'université
Le Monde: Turquie: le Parlement doit donner son feu vert au port du voile à l'Université
La nouvelle direction face aux nombreux défis.
Larbi Chouikha
Enfin, le nouveau syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) vient de voir le jour, et à sa tête, une équipe formée essentiellement de jeunes journalistes connus - pour la plupart - pour leur intégrité et leur rejet des compromissions, élus dans la plus grande transparence, c'est-à-dire loin des conciliabules et des compromis boiteux. Et pour la première fois, les congressistes ont sciemment omis de décliner à l'adresse des autorités les sempiternels éloges, encensements, congratulations, dévotions... Il semble que le souci unanime de la nouvelle direction est d'abord de défendre les intérêts de la profession et d'élargir le champ de la liberté d'expression. Ainsi, tous les vieux routiers de cette profession qui avaient fait de l'association défunte l'anti chambre du pouvoir et le tremplin de leurs ambitions personnelles, ont été tout bonnement remerciés….
Mais au delà de l'évènement lié à cette nouvelle instance professionnelle, ce qui nous surprend particulièrement c'est la manière par laquelle feue AJT a été traitée par tous les acteurs de la profession. Il est vrai que depuis quelques années, l'AJT et ceux qui présidaient - ouvertement ou subrepticement - à ses destinées, étaient devenus une sorte de repoussoir, une fréquentation de mauvaise presse. Tout d'abord, pour les nombreux journalistes qui ne se retrouvaient plus dans l'unique structure professionnelle légale devenue frileuse quand il s'agissait de défendre la profession et de préserver son autonomie de la mainmise pesante de l'Etat. Les experts, universitaires, et autres compétences, rechignaient souvent à répondre à ses sollicitations, en dépit des « hommages » qu'elle rendait - solennellement - à certains d'entre eux. Et bien évidemment, les grandes organisations professionnelles internationales qui avaient préféré geler leurs relations avec elle, du fait de son intrication au pouvoir. Mais ce qui avait précipité sa fin, ce fut manifestement le changement d'attitude du pouvoir à son égard. En effet, il ne semblait plus à l'aise avec cette structure frappée de discrédit par la profession, et surtout, ne suscitant que suspicions de la part de ses grandes consœurs à travers le monde. Par conséquent, à quoi bon la maintenir sous perfusion alors que dans le même temps, des journalistes hardis défiaient cette structure moribonde en annonçant la création d'un Syndicat des journalistes sous la bannière de l'UGTT ?
Que de défis à relever !
Aujourd'hui, la passation s'étant faite avec la bénédiction de la majorité des journalistes tunisiens et au vu du déroulement de son congrès constitutif, il serait judicieux pour notre part que nous accordions à ce nouveau cadre professionnel le préjugé favorable. Mais il va sans dire que les défis qui pèsent sur sa nouvelle direction sont nombreux et complexes à la fois. Tout d'abord, il s'agit de se défaire des pratiques dominantes qui prévalent dans la vie associative dans son ensemble et qui consistent à privilégier le « dialogue » essentiellement avec les représentants du pouvoir ou avec ceux qui leur sont proches, au détriment de ceux de la société civile et de l'opposition, indépendantes. Et de cette prédilection pour les sphères du pouvoir découle toute cette culture marquée par le souci du ménagement, par les calculs politico personnels, voire aussi par l'autocensure et ses effets nocifs sur la profession. La perpétuation de telles pratiques a souvent eu comme conséquences inéluctables, de reléguer la question de l'autonomie au second plan, et dans plusieurs cas, de confondre les intérêts professionnels avec ceux des élites dirigeantes. Et ce faisant, la crédibilité, le souci premier de défendre la profession et la liberté d'expression dans notre pays - quoi qu'il advienne - mais aussi, l'altruisme, le désintéressement, l'intérêt public…, toutes ces valeurs se trouvent affadies du fait de la prééminence des stratégies individuelles. Ces pratiques sont malheureusement courantes dans le secteur des médias qui se distingue par sa proximité très prononcée au pouvoir politique, et c'est précisément ce qui explique souvent ces appétits insatiables aisément observables chez certains acteurs de la profession comme chez ceux qui se meuvent dans l'univers de la formation sous toutes ses coutures ou dans celui du conseil, de l'expertise... Par conséquent, il est impérieux d'ériger des garde-fous afin de se prémunir contre toutes ses pratiques et comportements insalubres et égoïstes, et surtout, d'envisager des mécanismes pour les circonscrire et pour les dénoncer publiquement. Dans ce même sillage, le désavantage de ce nouveau cadre associatif c'est qu'il survient à un moment où les conditions d'exercice de cette profession sont loin d'être reluisantes dans notre pays. Dans plusieurs rédaction, on constate une démotivation, et dans certains cas, une désaffection des journalistes, engendrées par un sentiment d'impuissance qu'ils ressentent face aux pressions de toutes sortes qui les étreignent. Ces pressions sont nombreuses et protéiformes. Elles résultent souvent de l'interventionnisme pesant et parfois étouffant du pouvoir politique. Mais elles découlent aussi du comportement de certains « patrons de presse » peu soucieux des exigences rédactionnelles et du respect de l'éthique professionnelle, et plutôt attentifs aux sirènes des annonceurs et de bien d'autres... Il faut de même admettre que certains responsables d'organisations nationales puissantes et de partis de l'opposition se permettent parfois de sermonner certains journalistes en allant même jusqu'à s'en plaindre à leur « patron », ce qui est inadmissible.
Pour des prises de position audacieuses
Dans tous ces cas, il convient de stimuler une réflexion sur la nécessité d'élaborer et d'affirmer des droits inaliénables qui doivent protéger les journalistes au sein de leur rédaction contre les pressions qu'ils encourent. Et l'idée des sociétés de rédacteurs qui avait germé en France dans les années 1960 pour protéger les journalistes de la presse écrite des pressions des pouvoirs politiques et des financiers, pourrait servir de stimulant au débat. Enfin, au regard de l'état actuel de l'exercice de la liberté d'expression et d'opinion, la nouvelle direction devra adopter des attitudes plus audacieuses et tranchantes en dénonçant vertement les auteurs des violations de ces libertés et en élargissant encore plus le champ de leur exercice. Ainsi, quand des journaux de la place s'en prennent en des termes abjects aux militants des droits de l'homme ou à ceux de l'opposition, il est de notre devoir de réagir aussitôt pour tancer ces publications et les auteurs de ces diffamations et calomnies, d'autant plus que les personnes incriminées sont souvent dépourvues de tout moyen pour se défendre. Quant un journaliste croupit en prison, que d'autres sont interdits d'exercice, privés de passeport, harcelés pour différentes raisons par leurs chefs hiérarchiques…, il est aussi de notre devoir de manifester toute notre solidarité à leur égard. Quand des citoyens tunisiens sont toujours dans l'attente d'une réponse à leur demande d'autorisation d'émettre une radio ou de diffuser un journal, il est aussi de notre devoir d'intercéder pour exiger une réponse de l'Administration même si le texte de la loi ne le stipule pas explicitement.
Certes, les cas d'interventions et de réactions sont certainement plus nombreux que ceux énumérés précédemment, mais dans un premier temps, contentons-nous de ces quelques exemples et scrutons les attitudes de la nouvelle direction à leur égard ! Mais dans tous les cas, il importe que celle-ci s'imprègne de cette attitude réflexive en daignant réagir sur le champ - par voie de communiqués - à chaque fois que des manquements, des dérapages, des violations, venaient à être relevés et vérifiés. Et sur cette lancée, je formule un vœu, qu'à l'avenir, à chaque journée de célébration mondiale de la liberté de la presse, une manifestation d'ampleur nationale se tienne avec la participation active des organisations et des personnalités qui se consacrent activement pour la défense des libertés. Et ce sera aussi l'occasion pour nous tous de dresser chaque année des rapports sur l'état des libertés d'expression et d'information, d'ouvrir des débats, de susciter des réflexions en impulsant une action pédagogique et responsable en faveur de l'exercice effectif de ces libertés. Il me paraît fondamental que cette action de responsabilisation des journalistes soit menée par la profession en tant que telle et non pas la laisser au seul bon vouloir des responsables des médias, c'est-à-dire, aussi, à l'Etat. Tout compte fait, l'opinion que nous nous ferons de la nouvelle direction se forgera d'abord en fonction de ses prises de positions les plus audacieuses, de son autonomie réellement affichée, de la probité de ses membres, et surtout, de sa propension à se démarquer complètement des pratiques et habitudes qui furent celles des anciennes élites dirigeantes. En conséquence, compte tenu des engagements qu'elle a pris publiquement, nous lui accordons donc toute notre confiance, mais dans le même temps, nous demeurons tout aussi vigilants et alertes.
(Source : « Attariq Aljadid », N° 65 du 2 janvier 2008)
« Jeune Afrique » titre cette semaine:
Tunisie : Peur sur la laïcité »
Pourquoi les laïcs ont peur
Fawzia Zouari, envoyée spéciale
Taille de l'article : 1557 mots (9321 signes)
Extrait :
Khémaïs Khayati fulmine. Sa Tunisie n'est plus la même : « On s'enfonce dans la bigoterie et l'islamisme gagne du terrain. » Pour ce journaliste rentré au pays à la fin des années 1990, les acquis séculiers de la Tunisie - même si l'islam est religion d'État - sont menacés
(...)
(Source : « Jeune Afrique », (Magazine Hebdomadaire – France), N° 2456, du 3 au 9 février 2008)
3 Questions à … Salah Zghidi
1 Jeune Afrique : Comment est née l'idée d'une telle association ?
Salah Zghidi : Le projet date d'avril 2004. Nous avons décidé de le réactiver devant la régression des acquis laïcs et la démission des partis politiques. Nous pensons que s'il y a une région arabe où la laïcité doit être défendue, c'est bien en Tunisie, notre pays ayant été à l'avant-garde de la sécularisation, notamment avec le code du statut personnel. Nos membres sont des intellectuels, une majorité d'enseignants et de chercheurs, des gens de gauche qui ont rompu avec les partis politiques ou qui n'y ont jamais mis les pieds et qui estiment aujourd'hui qu'il y a un combat sociétal plus important que la bataille politicienne, celui de la laïcité.
2 Quel est l'objectif que vous poursuivez ?
Affirmer l'existence des laïcs en tant que tels et de la laïcité comme point de vue. Refuser que la religion ait quelque rapport que ce soit avec l'État ou que la charia soit la référence de nos lois. Nous posons la modernité à partir de l'exigence du siècle et des aspirations des gens. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas croyants, mais la foi est une affaire personnelle. Nous avons choisi de nous positionner en dehors du système de la pensée religieuse, convaincus que la religion doit rester dans la sphère privée. Bref, nous voulons un État de citoyens et non un État de croyants.
3 Pensez-vous réussir à rallier une majorité de Tunisiens ?
Pourquoi pas ? Même si le terme de laïcité fait peur et que la propagande islamiste fait croire aux gens qu'il est synonyme de kofr [hérésie]. Les partis d'opposition évitent d'ailleurs de prendre à leur compte ce thème, craignant d'être vus comme des hérétiques et de faire fuir le bon peuple. Nous ne faisons pas de politique. Notre association est à but culturel, c'est un courant de pensée, une forme de résistance pour que nos filles ne soient pas demain obligées de porter le voile ou de subir à nouveau la répudiation et la polygamie.
(Source : « Jeune Afrique », (Magazine Hebdomadaire – France), N° 2456, du 3 au 9 février 2008)
Du bon et du mauvais usage d'une commémoration
Qui se souvient de Sakiet Sidi Youssef ? Le 8 février 1958, le bombardement par l'armée française de ce village tunisien frontalier de l'Algérie précipita l'arrivée au pouvoir, à Paris, du général de Gaulle et constitua le prélude à l'indépendance de l'Algérie. Ce nom reste le symbole du soutien de la Tunisie, indépendante depuis deux ans mais où des troupes françaises restaient stationnées, à la lutte de libération de son voisin.
Ce jour-là, vers 10 h 50, un marché où se pressaient des paysans venus de toute la région fut d'abord mitraillé par une escadrille de chasseurs volant en rase-mottes, raconte Mohamed Ben Smail dans L'Action, ancêtre de Jeune Afrique. Ensuite, trois vagues de sept bombardiers B-26 pilonnèrent la localité jusque vers midi. Bilan : 75 morts et 148 blessés, parmi lesquels des élèves d'une école primaire et des réfugiés algériens regroupés par une mission de la Croix-Rouge. Depuis, chaque 8 février, les deux pays commémorent conjointement ce carnage. Cette année, pour le cinquantième anniversaire, les présidents Zine el-Abidine Ben Ali et Abdelaziz Bouteflika sont attendus.
Cette célébration d'une page d'histoire commune va-t-elle enfin être mise à profit pour relancer la coopération entre les deux pays ? Il est permis d'en douter si l'on en juge par le programme de la manifestation, qui, en dehors de la cérémonie proprement dite, ne comporte qu'un match de football, un cross-country scolaire et une énième rencontre entre hommes d'affaires. Certes, un accord commercial « préférentiel » devrait être signé, mais il n'est pas le premier. Et les précédents ont toujours été rendus inopérants par les bureaucrates, rappellent les hommes d'affaires. D'ailleurs, les échanges commerciaux entre les deux pays, importations tunisiennes de gaz algérien comprises, n'ont pas dépassé en 2007 le montant dérisoire 700 millions de dinars (366 millions d'euros).
Alors, on rêve, sans trop y croire, que Ben Ali et Bouteflika s'entendent sur une vision politique commune. On rêve que tous les obstacles qui empêchent les entrepreneurs privés d'engager des partenariats afin de soutenir le vaste programme de développement de l'Algérie soient enfin balayés. On rêve, surtout, que les grands groupes énergétiques des deux pays s'engagent sans complexe dans des partenariats « structurants », en aval et en amont. Il n'y a pas de mal à rêver, non ?
(Source : « Jeune Afrique », (Magazine Hebdomadaire – France), N° 2456, du 3 au 9 février 2008)
Benazir Bhutto et Rafic Hariri : destinées parallèles
par RAFAÂ BEN ACHOUR - JURISTE UNIVERSITAIRE TUNISIEN
Plusieurs similitudes ont rapproché Benazir Bhutto et Rafic Hariri, aussi bien dans la vie que dans la mort. Parallèlement, d'énormes différences caractérisent le traitement international des dossiers des deux grands disparus.
Bhutto et Hariri ont été chefs de gouvernement de leurs pays respectifs, multiconfessionnels et multiculturels (1) : l'énorme Pakistan (803 400 km2) et le petit Liban (10 452 km2). Tous les deux étaient à la tête de fortunes qui leur ont permis de mener une carrière politique sans compter sur les subsides des autres. Tous les deux ont bâti une dynastie politique familiale appelée à assurer leur continuité. Tous les deux étaient très bien vus des anciens occupants anglais et français. Tous les deux ont connu l'exil et ont été accueillis à bras ouverts à l'étranger. Enfin, au moment où ils essayaient de reprendre les rênes du pouvoir, l'un et l'autre ont été lâchement assassinés, en décembre 2007 et février 2005.
Leur assassinat a provoqué la compassion générale dans leur pays, mais aussi et surtout à l'étranger. Là s'arrêtent les similitudes et là commencent les écarts surprenants dans les attitudes observées par la communauté internationale. Dans un cas, l'assassinat de Rafic Hariri, une rigueur à toute épreuve ponctuée par une cascade de résolutions du Conseil de sécurité, l'envoi de commissions d'enquête, la mise à l'index de pays voisins « voyous », des interventions de toutes sortes dans les affaires intérieures d'un État censé être souverain et enfin la constitution d'un tribunal de caractère international dans des conditions de légalité suspectes.
Dans l'autre cas, l'assassinat de Benazir Bhutto, des déclarations platoniques de condamnation émanant des sommités de ce monde, des télégrammes de condoléances, mais rien de concret : ni commission d'enquête, ni résolutions, ni tribunal à caractère international.
Il est vrai qu'à la tête du Pakistan se trouve un chef d'État bien accommodant, aux convictions démocratiques peu poussées, mais qu'importe ? C'est un allié sûr qu'il ne faut surtout pas mettre en difficulté après sa dernière réélection si « honnête et régulière » ! Il est vrai aussi que Benazir Bhutto n'a pas fait de grandes largesses aux anciens maîtres de son pays. Elle ne les a pas couverts d'honneurs et n'a pas mis d'hôtels particuliers à leur disposition à Londres ou à Paris.
(1) Elle a exercé deux mandats de Premier ministre de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996. Depuis 1998, elle était en exil à Dubaï puis à Londres. Il a dirigé cinq gouvernements entre 1992 et 2004, de 1992 à 1998 et de 2000 à 2004.
(Source : « Jeune Afrique », (Magazine Hebdomadaire – France), N° 2456, du 3 au 9 février 2008)
La république et ses Musulmanes
Politiques publiques, identité nationale, sécurité et ordre publics à l'épreuve du fait musulman
(Et vice-versa)
Dans le Cadre du cycle "L'islam comme objet des politiques publiques", la FTCR invite à la prochaine session du séminaire
La République et ses musulman e s intitulé :
Politiques, discours, et action sociale au regard du fait musulman
Cette session se déroulera :
Le samedi 9 février 2008 à 15h00 précises
La Maison des Passages
44 rue saint Georges
Lyon 5
Elle débutera par un exposé de chacun-e des intervenant-e-s, par une tentative de problématisation de la question et se poursuivra par une discussion. Cela donnera lieu, avec les transcriptions d'autres sessions, à un recueil qui sera publié ultérieurement.
Interviendront à cette session :
- Sakina Bakha, directrice régionale adjointe de l'Acsé Rhône-Alpes
- Nathalie Kapko, chercheuse associée au laboratoire Cultures urbaines et sociétés (Iresco-CNRS), chercheuse invitée au Urban Research Centre de la London School of Economics and Political Science.
- Frank Frégosi, chargé de recherche au CNRS, Responsable scientifique de l'Observatoire du religieux (en cours de confirmation)
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3, rue de Nantes – 75019 PARIS
Tél : 01.46.07.54.04 - Fax : 01.40.34.18.15 – E-Maïl : http://www.tunisnews.net/nyvers/newsletter/cl.php?cu=24918&cr=556&cl=http%3A%2F%2Ffr.f265.mail.yahoo.com%2Fym%2FCompose%3FTo%3Dftcr2%40wanadoo.fr
Promotion du discours religieux
Le prêche du vendredi, en débat
La promotion du discours religieux et plus particulièrement les prêches des imams prédicateurs à la prière de vendredi a été, hier, au centre d'une session de formation inter- régionale organisée à l'initiative du ministère des Affaires religieuses, à l'Institut supérieur de théologie de Tunis, au profit des imams prédicateurs de la région du Grand Tunis.
Des sessions de formation inter -régionales similaires seront organisées à l'intention des imams prédicateurs des autres gouvernorats du pays, sur le même modèle, grâce à un CD relatif aux actes de cette première session comportant l'allocution d'ouverture du ministre des Affaires religieuses, M. Aboubaker Al Akhzouri, une conférence sur le sujet donnée par l'universitaire et communicateur connu , M.Belgacem Alioui, également chef de cabinet du ministre des Affaires religieuses et un prêche type en ce qui concerne l'énonciation et l'articulation des mots faite par l'imam prédicateur et communicateur connu, Ahmed Lâamouri.
Agir sur les esprits
Dans son allocution d'ouverture, le ministre a indiqué que cette action entre dans le cadre de la concrétisation des directives présidentielles, dans ce sens, afin d'adapter le discours religieux à l'évolution sociale, en faire un moteur du progrès et renforcer son impact sur les fidèles, en développant le pouvoir persuasif des imams prédicateurs et leurs capacités opérationnelles de transmission et d'argumentation, sur le plan technique et scientifique. D'autant qu'en Tunisie, comme l'a affirmé le conférencier, les prêches de vendredi sont élaborées de bout en bout par les imams prédicateurs eux-mêmes et laissés totalement à leur initiative.
Pour le ministre, comme pour le conférencier et les nombreux autres participants qui sont intervenus dans le débat, l'impact du discours religieux ne doit pas se limiter aux sentiments, mais doit aussi parvenir aux esprits et contribuer à les former et à les éclairer.
Or, sur ce point, tous les orateurs ont convenu que l'Islam a, justement, le mérite d'être une religion qui se préoccupe d'assurer le bonheur total de l'homme au cours de sa vie sur terre et dans l'au-delà, sans distinction, de sorte que, dans l'Islam, le temporel et le spirituel sont intimement liés, ce qui laisse à l'homme de religion un vaste champ d'intervention pour apporter sa contribution à l'amélioration de la condition terrestre de l'homme, conformément aux principes généraux de la religion. Tous les domaines de la vie et de l'activité humaine peuvent, ainsi, faire l'objet des prêches religieux de vendredi.
Un participant a, même, estimé que le Message islamique s'intéresse à hauteur de 90% aux problèmes terrestres, contre 10% aux questions spirituelles transcendantales, et incite constamment l'homme à penser par lui-même, à méditer et à réfléchir sur tout , sans exception, y compris les choses divines.
Nécessite d'une formation scientifique approfondie
C'est, dans cette optique, que, se référant au texte coranique, M.Belgacem Alioui a plaidé pour des prêches constructifs et positifs qui suscitent l'espoir et incitent au travail au service de la réalisation du bien être des peuples islamiques et de l'humanité, tout entière, critiquant les contenus et les procédés oratoires alarmistes et apocalyptiques qui stigmatisent et démoralisent.
S'agissant des aspects techniques de la transmission du message islamique, à travers les prêches du vendredi, l'accent a été mis, à ce propos, sur l'importance exceptionnelle prêtée, depuis les époques préislamiques, aux enjolivements et aux procédés stylistiques en matière de discours, en général, dans la civilisation arabe, pour rendre le discours percutant. Le Coran se prévaut, d'ailleurs, d'être un exemple inimitable, dans ce domaine, et défie les hommes d'en produire, de pareil, ne fut-ce qu'un seul verset.
Mais, la formation scientifique approfondie est, tout aussi, indispensable à l'imam prédicateur pour avoir le bagage et les connaissances religieuses nécessaires à l'accomplissement de son travail, dans les meilleures conditions, suivant l'approche malékite prévalant, en Tunisie, et considérée, à juste titre, comme un des principaux ciments de la cohésion du peuple tunisien, mais aussi et surtout, en conformité avec les préceptes impérissables de l'Islam éclairé et véritable dont se réclame la Tunisie, et qui prône la tolérance, la modération, la juste mesure et le refus de l'excès, sous toutes ses formes.
Salah BEN HAMADI
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 6 février 2008)
Al Maabar International Investments Company annonce le lancement du projet Bled El Ward au Nord de Tunis
Grandiose !
* 5 000 ha et un coût estimatif de 8.30 milliards de dollars
Al Maabar International Investments Company a annoncé le lancement de son nouveau projet, le plus grand sur le continent africain, Bled El Ward, implanté sur les rivages nord de la capitale tunisienne. Le projet s'étend sur 5000 ha et ses investissements sont estimés à 8.30 milliards de dollars, soit 9,96 milliards de dinars.
La première étape du projet : « Diar El Fell » qui s'étale sur cinq ans permettra la création de 1200 logements et générera entre huit et dix milles emplois pour une enveloppe d'investissements estimée à 2,83 milliards de dollars, soit près de 4 milliards de dinars.
Dans une déclaration de presse faite à l'issue de la présentation, lundi matin, du projet au Président Zine El Abidine Ben Ali, en présence du Sheikh Abdallah Ben Zaied Al-Nahyen, ministre des affaires étrangères des Emirats Arabes Unis, M. Yousef Al Nowis, Administrateur délégué et Directeur général d'Al Maabar International a souligné le caractère exceptionnel de Beb El Ward, unique en son genre dans la rive sud de la Méditerranée. Ce projet, a-t-il indiqué, développe tout une ville moderne intégrée, comprenant notamment une cité de Santé de classe internationale, des cours d'eau intérieures, des résidences, des centres touristiques, de loisirs, commerciaux et sportifs dont notamment un cours de golfe, et nombre de parcs et espaces vert. L'ensemble, en parfaite harmonie entre lieu de travail, de résidence et de bien être, dans un cadre naturel exceptionnel qui privilégie la nature et l'environnement.
Le projet Beb El Ward, souligne M. Al Nouiss, qui puise son nom de l'ancienne dénomination de l'Ariana, connue pour ses roses et fleurs ainsi que son air pur vivifiant, s'inspire dans son architecture du patrimoine tunisien ancestral et épouse les nouveaux concepts du design urbain et de l'aménagement. Il accorde aussi la priorité absolue à l'écologie notamment marine et végétale, multiplie les espaces verts et aménage 50 km supplémentaires de plages sous formes de cours d'eau à l'intérieur de la Cité.
De son côté, M. Ahmed Al Saeegh, Président du Conseil d'Administration d'Al Maabar International Investment Company, a rappelé qu'un protocole d'accord avait été signé avec la Tunisie en décembre dernier et que l'agrément du master plan par le Président Ben Ali donne aujourd'hui le coup d'envoi à la finalisation des études afin d'achever les préparatifs et engager la réalisation du projet. Beb El Ward, a-t-il indiqué sera réalisé en tranches successives, la toute première portant la dénomination de Diar El Fell, s'étend sur 300 ha dont 190 ha constructibles et sera achevée dans 5 ans seulement.
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 6 février 2008)
A Istanbul, la déception pour les jeunes femmes déchues de l'université
AFP, le 5 février 2008 à 16h11
Par Nicolas CHEVIRON
ISTANBUL, 6 fév 2008 (AFP) - Parce qu'elles refusaient d'ôter leur voile islamique à l'entrée de l'université, Cevher, Kevser et Tugçe ont dû renoncer aux études supérieures. Mais les trois jeunes
stambouliotes se disent déçues de la nouvelle loi, qui va pourtant les autoriser à entrer sur les campus.
A 30 ans et avec quatre enfants à élever, Cevher Özler, originaire d'un hameau du sud-est de la Turquie, a de longue date fait une croix sur ses ambitions professionnelles.
Ses rêves, et les efforts de ses parents pour lui permettre de devenir la cinquième fille du village diplômée de l'enseignement supérieur, se sont brisés en 1998, quand l'université d'Istanbul, où elle avait entamé trois ans plus tôt des études de bibliothécaire,
lui a fermé ses portes.
L'année précédente, l'armée a contraint le premier gouvernement islamiste de l'histoire de la Turquie à la démission. L'heure est alors à la lutte contre les "réactionnaires" religieux et l'université d'Istanbul fait figure de précurseur en ce domaine, en décidant de rejeter les étudiantes voilées.
En l'espace de trois ans, la quasi-totalité des universités lui emboîteront le pas, soutenues par une jurisprudence confirmant, en l'absence de loi, l'interdiction du voile dans l'enseignement supérieur et la fonction publique.
Cevher se souvient avec amertume des mois passés devant les grilles de l'université à réclamer "sous les insultes" le droit de reprendre ses études. Pour elle, la réforme proposée par le gouvernement, pourtant issu de la mouvance islamiste, et débattue mercredi au Parlement, qui autorisera le port du voile à l'unversité, est une nouvelle déception.
"Maintenant, nous allons avoir un texte qui dit que le voile est autorisé à l'université, mais en fait il va surtout donner une base légale aux tribunaux pour affirmer que c'est interdit ailleurs, dans les lycées et les administrations", estime la jeune femme, qui revendique le droit pour les fonctionnaires de porter le voile.
Kevser Okumus, 25 ans, mariée et mère d'un enfant, se souvient avec émotion du jour où on lui a refusé, en 2000, l'accès au campus de l'université de Bolu, dans le nord-ouest du pays, l'empêchant de s'inscrire dans le département d'études agro-alimentaires pour lequel elle avait réussi l'examen d'entrée.
"Ce jour là, ça a été comme un étouffement. J'ai compris que jamais je n'entrerais à l'université, que ma vie allait prendre une autre forme", raconte-t-elle.
La jeune femme se dit prête à reprendre les études et à trouver un travail, mais il faut pour cela que ses droits soient respectés.
Et une disposition de la réforme la laisse à cet égard sceptique: le texte prévoit que le foulard noué de manière traditionnelle sous le menton sera toléré, mais que le "turban", à connotation idéologique, ne laissant apparaître que l'ovale du visage, restera interdit.
"Pour moi, c'est inapplicable: comment est-ce qu'ils vont contrôler si le foulard est mis correctement ou pas?",
s'indigne-t-elle. "Chaque jour, ils auront le droit de décider si oui ou non telle ou telle fille peut rentrer sur le campus".
Tugçe Rabia, 20 ans, n'a pas l'intention de se plier à ces contraintes vestimentaires.
"Je veux pouvoir mettre mon voile comme je l'entends", affirme l'étudiante, qui n'a pu se résoudre l'an dernier à ôter son couvre-chef ou à mettre une perruque pour passer l'examen d'entrée à
l'université et a dû opter pour l'enseignement par correspondance, en théologie.
"Moi, je veux continuer les actions de protestation", explique-t-elle. "Avec le gouvernement actuel, c'est vrai que l'Etat est plus démocratique, plus modéré, mais malheureusement depuis qu'il est là il n'y a plus de manifestations pour le foulard, tout
le monde a l'air de s'habituer à la situation."
Par Par Burak AKINCI AFP - Mercredi 6 février, 16h28
ANKARA (AFP) - Les députés turcs ont entamé mercredi un vif débat sur un projet de révision constitutionnelle en faveur du port du foulard islamique dans les universités, une mesure controversée du gouvernement islamo-conservateur qui a provoqué une levée de boucliers du camp laïc.
Le projet, émanant du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, et du parti d'opposition nationaliste MHP, suscite les inquiétudes des milieux laïques qui pensent qu'il pourrait déboucher sur la libéralisation du voile dans la fonction publique et l'enseignement secondaire où il est interdit.
Le vote est acquis car l'alliance des députés permet de dépasser les deux tiers des voix requis pour modifier la Constitution. La réforme concerne deux articles de la Constitution.
Les débats et les votes sur ces articles devaient se poursuivre tard dans la nuit.
Un deuxième vote aura lieu samedi pour finaliser la révision qui fait partie d'une nouvelle constitution promise par l'AKP, vainqueur des législatives de l'an dernier, pour remplacer celle dictée par les militaires en 1982 après un coup d'Etat.
L'interdiction du voile n'est pas inscrite dans la loi, mais plusieurs arrêts de la Cour constitutionnelle ont établi une jurisprudence.
L'establishment pro-laïc - l'armée, la magistrature et l'administration universitaire - considère le port du foulard comme un signe ostentatoire d'appartenance à l'islam politique.
La Turquie a un régime laïc, mais sa population est à 99% musulmane.
Dans un souci de dissiper la controverse sur une islamisation rampante de la société, l'AKP et le MHP ont voulu désamorcer les polémiques. "Notre unique but est de mettre fin aux traitements injustes rencontrés par les filles aux portes des universités", a assuré le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Mais les mises en garde des laïcs se sont répétées. Le vice-président de la Cour de cassation Osman Sirin a affirmé lundi que son institution interviendrait juridiquement contre le projet.
M. Erdogan, un ancien islamiste, défend ce dossier sous l'angle des "libertés individuelles" tout comme un ancien poids lourd de l'AKP, Abdullah Gül, qui a accédé en août 2007 à la présidence de la République après une crise politique.
Les épouses et les filles de ces deux hommes sont voilées. L'amendement doit encore être approuvé par le chef de l'Etat.
Le parti d'opposition CHP (Parti républicain du peuple), pour qui "le projet défie la République laïque", a annoncé qu'il saisira la Cour constitutionnelle pour le stopper.
"L'objectif c'est la laïcité, de contourner les articles (dont on ne peut pas proposer la modification) de la loi fondamentale sur la laïcité", a lancé devant les députés Kemal Anadol, vice-président du groupe parlementaire du CHP.
Pour les laïcs, l'acceptation du foulard à l'université risque d'accentuer la pression des religieux sur les femmes. Ils redoutent ainsi que "la pression du quartier" ne poussent les étudiantes non voilées à se couvrir.
Le CHP contestera la révision une fois qu'elle sera approuvée par le chef de l'Etat, a souligné avant le débat un dirigeant du parti, Hakki Süha Aksoy, qui a affirmé que la révision était "contraire à l'essence de la laïcité dans la Constitution".
Samedi, 125.000 manifestants ont dénoncé le projet à Ankara. D'autres manifestations ont eu lieu depuis à travers le pays.
Les recteurs d'universités se sont aussi élevés contre le projet. Celui-ci ne satisfait pas davantage les milieux religieux car les critères sur le type de foulard autorisé (le fichu traditionnel noué sous le menton, et non le foulard enveloppant la tête et couvrant le cou, le "turban"), impliquent l'exclusion des femmes qui ne porteront pas celui préconisé.
Les députés turcs s'apprêtent à légaliser le voile islamique à l'université
ISTANBUL CORRESPONDANCE
Ironie du calendrier, la Turquie a fêté, mardi 5 février, l'anniversaire de l'introduction du principe de laïcité dans la Constitution turque, en 1937, à la veille de l'examen par le Parlement d'une disposition controversé concernant le voile islamique. Le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan a en effet provoqué une nouvelle fois l'ire des milieux kémalistes en proposant l'abolition de l'interdiction de ce voile dans les universités du pays.
Mercredi, le Parlement doit discuter de la proposition faite par deux des principaux partis, le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême droite) qui, à eux deux, disposent d'une majorité suffisante pour réformer la Constitution. La refonte envisagée mettrait fin à une jurisprudence obligeant les étudiantes à se dévoiler à la porte des campus.
Sans surprise, les cercles laïques se sont mobilisés. Samedi et dimanche, plus de 100 000 personnes armées de drapeaux turcs ont manifesté à Ankara autour du mausolée de Mustafa Kemal, le fondateur de la République, pour qui l'islam était "un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies". Les magistrats et les recteurs d'université, des corps traditionnellement acquis à l'idéologie laïciste, ont multiplié les avertissements. "C'est une menace pour la laïcité", estime Necmi Yüzbasioglu, constitutionnaliste et vice-recteur de l'université Galatasaray d'Istanbul, qui craint "une pression en faveur du port du foulard".
TENTATIVE INACCEPTABLE
Le président de la Cour de cassation, Osman Sirin, a porté l'attaque la plus vive, lundi, jugeant "inacceptables les tentatives pour affaiblir la laïcité". Quant à l'état-major, il se tient en embuscade. "Personne en Turquie n'ignore quelles sont les positions des militaires", a commenté le général Yasar Büyükanit. Selon un sondage publié cette semaine, deux tiers des Turcs seraient favorables à la levée de cette interdiction. Le gouvernement assure défendre la liberté individuelle, celle des étudiantes musulmanes, et estime que cette réforme s'inscrit dans le processus d'adhésion à l'Union européenne.
Deux mille universitaires progouvernementaux ont signé une pétition de soutien. En revanche, de nombreux intellectuels laïques libéraux favorables à cette mesure s'inquiètent de la méthode employée par le gouvernement. "Cette affaire est menée d'une manière extrêmement maladroite, estime Cengiz Aktar, professeur à l'université Bahçesehir d'Istanbul. L'AKP s'est allié avec les fascistes du MHP pour défendre une liberté. On pouvait régler tous les problèmes de liberté d'un coup en réformant la Constitution dans son ensemble."
Une fois adopté par les députés et ratifié par le président Abdullah Gül, le nouveau texte devra encore franchir l'obstacle de la Cour constitutionnelle. Les juges avaient rejeté une réforme similaire en 1989. Necmi Yüzbasioglu prédit une fin identique.
Guillaume Perrier
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 7 février 2008)
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